Retour sur l’université d’automne 2023
Une première édition aux alentours de Montpellier
Dans le cadre d’une réflexion globale sur la formation en archéologie de demain, le défi-clé Sciences du Passé a organisé sa première Université d’automne à destination des étudiantˑeˑs de master des différents parcours d’archéologie des pôles universitaires de la Région Occitanie que sont Montpellier, Perpignan et Toulouse.
Cette université avait pour but principal de mettre en relation l’ensemble des étudiant·e·s afin qu’elles et qu’ils puissent se rencontrer, échanger collectivement autour des résultats de leur premier travaux de recherche, créer du réseau scientifique entre pairs et avec un petit comité de chercheurs. Les questions de valorisation/médiation de la recherche et du patrimoine archéologique ont également été au cœur des échanges, à la suite des visites et évènements organisés durant le séjour. Ces objectifs sont en totale adéquation avec les objectifs initiaux du défi-clé, qui est promouvoir une recherche fondamentale pluridisciplinaire et de contribuer au développement d’un tourisme culturel de qualité.
Cette première session, centrée sur le Languedoc, a eu lieu du 25 au 27 octobre 2023. Elle a regroupé 42 étudiant·e·s des pôles universitaires de Montpellier, Perpignan et Toulouse et une équipe de 8 encadrants (Réjane Roure, Nicolas Valdeyron, Sophie Grégoire, Elsa Rocca, Robin Furestier, Benjamin Marquebielle et Muriel Richard).
Les journées ont été partagées entre des moments de visites de sites et de musées et des moments d’échanges et de travail en groupe. L’université a été financée par le défi-clé, ce qui a permis de proposer la gratuité aux étudiant·e·s.
Il était important pour nous que l’université d’automne soit la plus ouverte et accessible possible. Nous pouvions compter sur le financement important de la Région Occitanie, qui finance à 100% ce défi-clé et sur la grande latitude laissée à l’utilisation de ces fonds.
Jour 1 : autour de Lattes et Ensérune (thématique Protohistoire)
La première journée a commencé par une présentation de l’université d’automne et de l’équipe encadrante, dans l’auditorium du musée Henri Prades de Lattes. Elle s’est poursuivie par une présentation du musée et des évolutions muséographiques par Florence Millet (chargée des expositions). Les participant·e·s ont pu ensuite visiter librement le musée. Réjane Roure, spécialiste de la Protohistoire de la région et qui connait bien le site de Lattara pour y avoir fouillé, a pu répondre aux questions et approfondir certains points à la demande des étudiant·e·s. Florence Millet a, quant à elle, pu approfondir les aspects muséographiques.
L’après midi a été dédiée à la visite de l’oppidum d’Ensérune et du nouveau musée de site, accompagné par Vincent Duménil et Pierre Tissot (guides). Là encore, la visite du musée a été particulièrement orientée vers les choix muséographiques opérés lors de la rénovation du lieu.
La soirée a été dédiée à une présentation rapide des projets de recherche de chacun·e. Ce tour de table a mis en lumière la grande variété des thèmes et des chronologies explorés par les étudiant·e·s, reflétant bien le dynamisme et la complémentarité, à l’échelle régionale, des trois pôles universitaires que sont Montpellier, Perpignan et Toulouse.
Jour 2 : Orgnac : musée et site de la baume de Ronze (thématique Préhistoire) et travail de groupe
La deuxième journée s’est déroulée intégralement à la Cité de la Préhistoire, à Orgnac-l’Aven. Trois visites complémentaires ont eu lieu sur la journée, accompagnées par Philippe Barth et Maelis Raynaud (pole des publics) :
- La première s’est déroulée dans les réserves du musée, un lieu habituellement fermé au public, mais fréquenté par les chercheuses et les chercheurs. La présentation a tourné autour des conditions de conservation et d’accès des collections.
- La deuxième visite s’est concentrée sur le musée et les choix muséographiques qui ont été fait au moment de sa rénovation il y a 10 ans. Comment présenter la Préhistoire aux publics ? Quels dispositifs muséographiques ont été imaginés pour compléter les présentations d’objets en vitrines ? Comment être le plus inclusif possible ?
- La troisième visite s’est déroulée sur le site de la baume de Ronze, vaste aven notamment occupé au Néolithique. Les questions de gestion du patrimoine archéologique ont été soulevées : comment faire visiter un site archéologique, tout en le protégeant, notamment dans l’hypothèse de reprise de travaux de terrain ?
La journée s’est conclue par une participation à un atelier « Feu », opéré par Maelis Raynaud (co-responsable des publics), dans le but de montrer aux étudiant·e·s l’une des possibilités de médiation proposée au public, permettant, autour d’une activité ludique (allumer un feu) de transmettre des connaissances et un état de la recherche.
La soirée a été dédiée à des travaux de groupes, dont l’objectif était double : d’une part remobiliser les connaissances acquises les deux premiers jours sur le thème de la médiation en archéologie et, d’autre part, encourager la mixité et les échanges entre les étudiant·e·s des trois pôles universitaires.
Sept groupes mixtes ont donc été constitués avec pour consigne, volontairement très générale, de réfléchir à « l’organisation d’un évènement autour de l’archéologie ». Afin de guider et stimuler les réflexions, un thème et deux contraintes étaient tirés au sort. A l’issue du travail en groupe, une restitution orale courte a été réalisée par chaque groupe.
- escape game éco-responsable autour des croyances et religions à différentes époques
- exposition-défilé autour du vêtements avec résidence de couturier·e·s et création in situ
- Le silex, du gisement à l’outil, sur site et avec ateliers de participation du public
- exposition itinérante autour de l’eau de port en port, sur réplique de navire antique
Jour 3 : Nîmes : Arènes, Maison carrée et musée de la Romanité (thématique Antiquité)
La troisième journée s’est déroulée à Nîmes. Elle a commencé par une visite et une présentation de la Maison Carrée par Elsa Rocca (Université de Montpellier). Elle s’est poursuivie par une visite complète des arènes de Nîmes, en compagnie de Richard Pellé (Inrap).
L’après midi a été dédiée à la visite du musée de la Romanité, ses collections permanentes et l’exposition temporaire « Mémoire Vive » d’Oliver Laric, associant art contemporain et patrimoine antique. Une présentation du musée et de sa politique patrimoniale et muséographique,a par la suite été effectuée par Nicolas de Larquier (conservateur) et Bettina Célié (pôle patrimoine de la ville de Nîmes) dans l’auditorium du musée. Les questions de mise en valeur d’un patrimoine antique monumental très visible, en association avec un musée très contemporain dans son aspect et son approche muséographique, s’inscrivant dans une politique municipale forte, ont été soulevées. L’équipe du musée, intéressée par le regard de spécialiste des étudiants en archéologie, a pu également recueillir leurs retours sur le musée. En effet, leurs attentes, notamment en termes de contextualisation des objets en vitrine, peuvent être différentes de celles du grand public. La journée s’est clôturée sur un retour général sur ces trois jours, afin de recueillir les avis des participant·e·s.
En conclusion, les objectifs initiaux, qui était de faire se rencontrer les étudiant·e·s des trois pôles universitaires, de les faire échanger autour de leurs recherches et leurs approches de l’archéologie et de leur permettre d’appréhender et de questionner la médiation et la valorisation du patrimoine archéologique, ont été atteints. Les retours et critiques nous encouragent donc à renouveler l’expérience pour les années à venir !