LittO
Un observatoire de la vulnérabilité environnementale du patrimoine archéologique littoral d’Occitanie face au risque de submersion : Lattara, du passé au futur
Le patrimoine archéologique des plaines côtières méditerranéennes est soumis aux aléas naturels de submersion lors des tempêtes littorales ou des crues de fleuves côtiers. Les destructions matérielles engendrées par l’érosion fluviale ou côtière durant ces aléas concernent non seulement les infrastructures modernes, mais également le patrimoine bâti associé aux anciens sites d’occupation humaine. Le patrimoine archéologique du littoral de la région Occitanie est particulièrement sensible à ce type de risque environnemental, du fait de la richesse et de l’abondance des vestiges archéologiques dans des environnements fluviolagunaires de basse altitude soumis aux tempêtes et aux crues, comme autour du site emblématique de Lattara, qui servira de cadre d’étude à ce projet.
Au cours des derniers millénaires, le littoral d’Occitanie a subi des variations de la fréquence des paléotempêtes (Dezileau et al., 2011 ; Sabatier et al., 2012 ; Degeai et al., 2015) et des paléocrues (Blanchemanche, 2009 ; Degeai et al., 2017). Le risque associé à ces aléas a donc lui aussi pu varier à travers les âges. L’analyse de ces changements autour du site de Lattara permettra, d’une part, de comprendre quels ont pu être leurs impacts sur les dynamiques de peuplement et sur les anciennes installations humaines, telles les infrastructures portuaires antiques, et, d’autre part, d’étudier comment les sociétés se sont adaptées à ces risques littoraux.
Ce premier axe de recherche sur la paléovulnérabilité du site de Lattara sera complété par un second axe concernant sa vulnérabilité actuelle, afin de fournir un outil d’évaluation du risque d’exposition de ce patrimoine aux aléas hydro-atmosphériques. Cette évaluation est d’autant plus importante que l’accélération de la hausse du niveau de la mer depuis le 20ème siècle devrait entraîner à l’avenir une aggravation du risque de submersion et d’érosion des sites archéologiques côtiers, comme l’ont montré Reimann et al. (2018) pour les sites littoraux méditerranéens classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, tandis que le risque d’inondation sur la façade littorale de la région Occitanie devrait augmenter dans les prochaines décennies avec la poursuite du réchauffement climatique (Degeai et al., 2022).
Le projet LittO offre une approche résolument diachronique de l’étude d’impact des risques côtiers sur le patrimoine archéologique du site de Lattara, à partir d’analyses géoarchéologiques, sédimentologiques et géophysiques.
Référent
Jean-Philippe
Degeai, ingénieur de recherche CNRS, laboratoire ASM
Mots-clés
géoarchéologie, littoral, paléoclimat, patrimoine bâti, port antique
Partenaires
Participants et spécialités
Maria-Angela Bassetti (professeure université de Perpignan) spécialiste en géologie et sédimentologie des milieux marins et côtiers
Hervé Bohbot (IR CNRS) spécialiste en cartographie, SIG et bases de données
Stéphane Bonnet (professeur Université Toulouse III) géomorphologue, travaille sur l’érosion continentale, les réseaux hydrographiques, la modélisation expérimentale et la modélisation analogique
Raphaël Certain (maître de conférence Université de Perpignan Via Domitia) spécialiste des environnements littoraux par des approches sédimentologiques, hydrodynamiques et géophysiques
Jean-Philippe Degeai (IR CNRS) spécialiste en géoarchéologie, géomorphologie et sédimentologie des milieux littoraux
Benoît Devillers (professeur Université Paul Valéry Montpellier 3) spécialiste en géoarchéologie et géomorphologie des littoraux méditerranéens
Laurent Dezileau (professeur Université de Caen) spécialiste en géochimie et géochronologie
Diane Dusseaux (conservatrice du patrimoine, directrice du site archéologique Lattara Musée Henri Prades) pilotage du projet d’extension du musée Henri Prades, avec la création d’un futur centre d’interprétation
Ana Ejarque (CR CNRS) spécialiste en études paléo-environnementales multi-indicateurs
Matthieu Giaime (maître de conférences Université Paul-Valéry – Montpellier 3) est géomorphologue et géoarchéologue, évolution spatio-temporelle des littoraux
Christophe Jorda (géoarchéologue INRAP) a coordonné des travaux en géoarchéologie et géomorphologie sur le site de Lattara depuis les années 1990
Clémence Joseph (doctorante en archéologie) travaille sur les transformations et la caractérisation de l’anthropisation du littoral languedocien grâce à la malacologie
Claudie Josse (IR CNRS) responsable du service de microscopie électronique à balayage du centre Castaing
Stéphanie Kmiecak (master 2 université Paul Valéry Montpellier 3) étude des microfossiles non-polliniques des dépôts du canal portuaire du site de Lattara
Muriel Llubes (maîtresse de conférences université de Toulouse) spécialiste en géophysique (résistivité électrique, magnétométrie, électromagnétisme slingram, géoradar, sismique)
Sophie Martin (malacologue INRAP) reconstructions paléopaysagères et paléo-environnementales
Benoît Ode (archéologue Service Régional de l’Archéologie DRAC Occitanie) actuellement responsable des fouilles programmées sur le site archéologique de Maguelone
Gaël Piquès (IR CNRS) responsable des fouilles archéologiques de la zone portuaire de Lattara depuis 2016, spécialiste en ichtyologie
Olivier Raynal (IR Université de Perpignan Via Domitia) spécialisé dans la sédimentologie littorale et dans les techniques d’acquisitions géophysiques
Vincent Regard (maître de conférences à l’Université Toulouse III) spécialiste de géomorphologie quantitative, de géomorphologie des paléosurfaces et de géomorphologie côtière
Tiphaine Salel (chercheuse indépendante) spécialiste des ostracodes titulaire d’un doctorat sur l’étude de la dynamique des environnements de la plaine fluviolittorale du Narbonnais à l’Holocène
Lucia Seoane Corral (physicienne adjointe de l’Observatoire Midi-Pyrénées) travaille sur des projets en géophysique appliquée à la subsurface, pour des problématiques environnementales, archéologiques et en archéologie minière
Matteo Vacchi (professeur associé Uuniversité de Pise) spécialiste en géomorphologie des milieux littoraux
Pieter Van Beek (professeur à l’université de Toulouse III) responsable du laboratoire souterrain d’analyse des faibles radioactivités (LAFARA) agréé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire
Nouvelles productions du projet
Bibliographie
Blanchemanche, P., 2009. Crues historiques et vendanges en Languedoc méditerranéen oriental : la source, le signal et l’interprétation. Archéologie du Midi Médiéval 27, 225–235.
Degeai, J.-P., Devillers, B., Dezileau, L., Oueslati, H., Bony, G., 2015. Major storm periods and climate forcing in the Western Mediterranean during the Late Holocene. Quaternary Science Reviews 129, 37–56.
Degeai, J.-P., Devillers, B., Blanchemanche, P., Dezileau, L., Oueslati, H., Tillier, M., Bohbot, H., 2017. Fluvial response to the last Holocene rapid climate change in the Northwestern Mediterranean coastlands. Global and Planetary Change 152, 176–186.
Degeai, J.-P., Blanchemanche, P., Tavenne, L., Tillier, M., Bohbot, H., Devillers, B., Dezileau, L., 2022. River flooding on the French Mediterranean coast and its relation to climate and land use change over the past two millennia. Catena 219, 106623.
Dezileau, L., Sabatier, P., Blanchemanche, P., Joly, B., Swingedouw, D., Cassou, C., Castaings, J., Martinez, P., Von Grafenstein, U., 2011. Intense storm activity during the Little Ice Age on the French Mediterranean coast. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology 299, 289–297.
Reimann, L., Vafeidis, A.T., Brown, S., Hinkel, J., Tol, R.S.J., 2018. Mediterranean UNESCO World Heritage at risk from coastal flooding and erosion due to sea-level rise. Nature Communications 9, 4161. Sabatier, P., Dezileau, L., Colin, C., Briqueu, L., Bouchette, F., Martinez, P., Siani, G., Raynal, O., Von Grafenstein, U., 2012. 7000 years of paleostorm activity in the NW Mediterranean Sea in response to Holocene climate events. Quaternary Research 2012, 1–11.