OccitAnimaux
Les pratiques de boucherie : mieux comprendre les relations entre les humains et les autres animaux dans le passé
La question des relations entre humains et (autres) animaux est l’ambition centrale de la discipline archéozoologique. Récemment, l’importance des relations aux non humains pour comprendre les populations humaines a été soulignée par de nombreux ethnologues du « tournant ontologique ». Les chercheurs de ce courant ont montré que les manières de composer le monde sont plurielles, et que les rapports pensés et organisés entre les êtres peuvent être très divers. Alors même qu’elles constituent un point nodal de la relation entre humains et animaux, les pratiques de boucherie ont été peu interrogées dans cette perspective ontologique. La transformation d’un être en vue de sa consommation alimentaire soulève pourtant des questions d’ordre métaphysique qui peuvent s’incarner dans des pratiques matérielles. En témoignent les préoccupations contemporaines concernant les conditions de vie animale et l’alimentation carnée.
L’objectif du projet est donc d’explorer les pratiques de boucherie, dans le cadre d’une enquête archéozoologique sur le temps long depuis le Paléolithique ancien jusqu’à l’Age du Fer et dans des contextes tant « domestiques » que « non domestiques » (contexte funéraire, sacrificiel, dépôts intentionnels, conflits, etc) afin de contribuer à renseigner les régimes ontologiques de populations du passé. Le projet qui s’inscrit dans la durée vise aussi à fédérer la communauté des archéozoologues d’Occitanie afin de forger une culture commune.
Bien que centré sur l’archéozoologie, OccitAnimaux s’enrichira des éclairages issus d’autres disciplines (anthropologie sociale, histoire, histoire de l’art) et des vestiges archéologiques autres que faunistiques (vestiges lithiques, métalliques, céramiques, supports artistiques…) au travers notamment de l’organisation de séminaires communs via le réseau AniMed.
Le volet archéologique prendra appui sur la richesse patrimoniale exceptionnelle de l’Occitanie ainsi que sur un contrat post-doctoral privilégiant des études sur le Magdalénien et la période protohistorique. Le projet permettra aussi d’enrichir les référentiels actualistes d’ores et déjà disponibles. A cet effet, seront organisés plusieurs stages d’archéologie expérimentale ouverts aux étudiants des trois universités partenaires du projet.
OccitAnimaux sera aussi l’occasion d’un partenariat privilégié avec le Musée de Préhistoire de Tautavel reposant sur la réalisation d’une exposition temporaire sur les relations entre les humains et les autres animaux dans le passé. Des cafés-débats ainsi que des interventions en milieu scolaire viendront compléter ce dispositif.
Clément Birouste, post-doctorant, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Magdalénien)
Emma Bernard, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Moustérien)
Emilie Blaise, ingénieure de recherche CNRS, laboratoire ASM (Néolithique)
Sandrine Costamagno, directrice de recherche CNRS, laboratoire TRACES (Moustérien, Magdalénien)
Christelle Dancette, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Moustérien)
Anaïs de Roux, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Age du Bronze)
Louise Derbord, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Mésolithique)
Emmanuel Discamps, chargé de recherche CNRS, laboratoire TRACES (Moustérien)
Léa Feyfant, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (Late Stone Age)
Armelle Gardeisen, directrice de recherche CNRS, laboratoire ASM (Protohistoire)
Marine Gardeur, doctorante, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES, (Mésolithique)
Arthur Gicqueau, doctorant, Univ. Toulouse II Jean Jaurès, laboratoire TRACES (pratiques mortuaires)
Anne-Marie Moigne, maître de conférence, Univ. Perpignan Via Domitia, laboratoire HNHP (Paléolithique ancien et moyen)
Marie-Cécile Soulier, chargée de recherche CNRS, laboratoire TRACES (Moustérien, Aurignacien)
Clément Ménard, directeur EPCC CERP de Tautavel
Delphine Vettese, maître de conférence, Univ. Perpignan Via Domitia, laboratoire HNHP (moustérien)
Auxiette G., Méniel P. (dir.) 2013. Les dépôts d’ossements animaux en France, de la fouille à l’interprétation. Actes de la table-ronde de Bibracte (Bibracte, octobre 2012). Dremil-Lafage, Éditions Monique Mergoil.
Birouste C. 2018. Le Magdalénien après la nature, une étude des relations entre humains et animaux durant le Magdalénien, Thèse de doctorat, Université Toulouse Jean-Jaurès, Toulouse. (disponible sur TEL)
Descola P. 2005. Par-delà nature et culture. Paris, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines.
Horard-Herbin M.-P., Lepetz S., Vallet C. et al. 2017. Des traces observées aux gestes anthropiques : le projet D. Coupes. Les Nouvelles de l’Archéologie 148, p. 16-22. (disponible sur Open Edition)
Thiébaut C., Claud E., Costamagno S. (dir.) 2019. L’acquisition et le traitement des matières végétales et animales par les néandertaliens : quelles modalités et quelles stratégies ? Résultats d’une enquête fondée sur l’approche expérimentale et l’étude archéologique de plusieurs sites d’Europe occidentale, menée dans le cadre du PCR « Des traces et des Hommes », P@lethnologie, vol. 10. (disponible sur OpenEdition)
Vettese D. et al. 2022. New evidence of Neandertal butchery traditions through the marrow extraction in southwestern Europe (MIS 5–3). PlosOne. (disponible sur PlosOne)
Viveiros de Castro V. 2009. Métaphysiques cannibales. Paris, P.U.F.
Référent.e.s
Sandrine Costamagno, archéozoologue, directrice de recherche CNRS, laboratoire TRACES
Mots-clés
archéozoologie, boucherie, relations humains / non-humains, Préhistoire, Protohistoire